dimanche 30 octobre 2011

30/10 Itinérance : Jour 2 (matin)

Quelle heure est-il ? Une heure du mat' ! Aïe ! Putain j'ai un torticolis de la mâchoire ! Je me suis endormi sur le ventre, sur le bord de mon pauvre petit matelas et j'ai la mâchoire tordue sur le sol frigorifié du Kangoo. Il me faut plusieurs minutes pour faire passer la douleur ... J'ai mal à la nuque aussi, ça ne va pas du tout. J'ai la tête dans le coin contre le coffre, qui n'est pas rembourré d'ailleurs, et les pieds à l'opposé contre le siège conducteur. Le sol est un peu en pente, j'ai essayé, mais douloureusement échoué à me garer à plat !
Dust remue souvent à coté de moi, c'est ce qui m'a réveillé. Bixy est devant sur le siège passager, tranquille. Deux matelas auto-gonflants, une couverture et les mousses des chiens servent de rideaux. La condensation ruissèle malgré tout sur les vitres restantes bien qu'elles soient entrebâillées. Il faut dire que je suis garé dans le fond du vallon, à deux mètres d'un pont au dessus du torrent ! On peut difficilement faire plus froid et humide comme coin ! Pourtant dans mon duvet j'ai trop chaud et je transpire, c'est affreux ... Je me rendors ...

Après plusieurs réveils et plongeons autour d'une somnolence fatigante, il est enfin assez tard pour se lever. Il doit faire 2 ou 3 degrés dans la voiture. Je me force à prendre un semblant de petit déjeuner. Du lait chocolaté avec du poulain, le tout froid pour tremper des tartines de nutella ! Tiens ... question : quelle est la consistance du nutella quand il a dormi à 2°C dans son pot ? Réponse : La même que le beurre qui casse des biscottes ! Pas glorieux mais il faut bien que je bouffe !
Vu la nuit que j'ai passée, je n'ai pas envie de crapahuter dans le noir alors je vais me poster au début de la rando avec la voiture : au pont de l'Alpe. Il n'y a personne, je glandouille donc jusqu'à 7h.

Je suis devant l'aiguillette du Lauzet, je fais quelques photos à la voiture mais je n'en tire rien de bien. Quelques voitures passent, je range mon bordel et me prépare. Il est 7h30 quand je décolle. Le sentier monte le long du torrent, puis contourne une jolie cascade faite de multiples ressauts.


Je débouche ensuite dans un vallon tranquille. Ca ne grimpe plus vraiment. Sur ma gauche, j'aperçois une silhouette. On dirait qu'un mouton fait son curieux dans l'aube naissante...
Histoire de m'éviter de gueuler après les chiens je me décide à les accrocher.... Merde ! J'ai oublié les laisses ! Je n'ai pas envie de redescendre les chercher à la voiture. Tant pis ...

La luminosité augmente, les pentes sur le versant d'en face sont très belles : il n'y a que des mélèzes de plus en plus clairsemés en montant vers les cimes.

Le soleil apparaît sur les sommets : il est 8h15.

J'arrive à un hameau. Il y a de nombreux bâtiments éparpillés, c'est étonnant. Mon regard ne loupe pas quelques formes bien connues dans les pentes vers le Nord. Sans aucun doute, il y a de la belle bête !!!

J'ai tout de même un sacré problème ! Sans laisse, comment vais-je gérer les chiens ? Je n'ai jamais vu de si beaux mâles aussi tranquilles dans l'herbe. Les seuls que j'avais dénichés étaient aux rochers du parquet et au pas de la ville dans le Vercors, mais à chaque fois ils étaient en transit et dans des lieux où l'approche ne pouvait pas se faire sereinement. Je ne peux pas ne pas saisir cette occasion de les approcher. Je fouille un peu dans le village, à la recherche d'un moyen pour accrocher les chiens à un bâtiment. Je trouve bien un peu de vieux fil de clôture mais ça ne me semble pas bien solide. En plus si je les attache et qu'ils me voient au loin près de bouquetins, il vont aboyer et ça foutra tout en l'air !
Parfait ! Un petit appentis n'est pas verrouillé et il y a même une paillasse pour dormir. Ca fera une super niche pour les chiens. Je leur laisse une frontale allumée, car sans fenêtre c'est quand même pas un cinq étoiles ! Je laisse aussi mon sac et mes bâtons, je prends mon appareil photo et c'est parti pour du gros bouquetin !

Je franchis le pont et monte droit dans la pente vers les trois gros mâles. Plus loin au dessus je découvre le reste de la harde, il y a du monde ! Les beaux mâles sont en bas accompagnés de quelques mâles moins imposants, alors que tous les jeunes et les femelles sont sous les falaises et quelques individus sont même tout en haut vers les crêtes.

Je m'approche doucement, à l'affut des variations de comportement de ces gros cornus.

J'arrive à la hauteur des deux gros mâles les plus bas, il sont à 10 mètres de moi. Les trois de la photo ci-dessus sont environ 20 mètres vers le haut. Comme je m'y attendais, ils ne montrent que peu d’intérêt pour moi. Je me fixe donc une limite et patiente... Seules les cornes bougent, ils sont occupés à brouter ! L'un d'entre eux finit enfin par prendre une pose de profil la tête levée, sans être trop masqué par une bosse.

Le troupeau plus haut s'est enfui lorsque j'ai atteint cet endroit. Quelques sifflements ont été échangés mais les mâles m'ont gentiment attendu et semblent bien décidés à rester là. Je finis par capter une autre belle pause.

Je suis assez serein mais j'ai tout de même deux choses en tête :
- Les chiens m'attendent depuis vingt minutes, enfermés dans trois mètres carrés qu'ils ne connaissent pas.
- Cette bestiole de plus de cent kilos mettrait environs trois secondes pour venir me coller ses cornes en travers la tronche si d'un seul coup elle se disait que je suis de trop ici. Celle au dessus de moi n'en aurait que pour quelques secondes de plus.
Un bouquetin n'est pas effrayé par les humains et est très tolérant pour se faire approcher. Mais j'ai appris qu'un homme accroupi dans l'herbe n'a plus sa forme habituelle et peut donc être pris pour autre chose. J'ai déjà fait fuir soudainement des bestioles qui pourtant m'avaient vu depuis longtemps, juste parce que j'ai cessé de me tenir vertical. Je n'ai pas envie de vérifier ça trop longtemps avec ces gros boucs !

Je laisse donc là ces splendides bêtes et retourne à mes toutous... qui sont contents de me revoir ! Je monte en direction de l'Est dans la neige. Les chiens ne repèrent même pas les bouquetins.

Je passe voir une jolie petite cabane construite contre un rocher. J'aurais vraiment apprécié qu'il s'agisse d'un refuge pour randonneur mais non, ça doit simplement être un local à matériel de berger. Il est fermé.

Le vallon monte progressivement et s'oriente vers le Nord. Je suis toujours dans l'ombre mais les sommets alentours commencent à s'illuminer. Les bouquetins ont l'air d'apprécier les bains de soleil : ils montent sur les plus hauts sommets, c'est à qui sera le premier éclairé !

Vue vers le pic de la Moulinière, qui me rappelle le Grand Seru vers le Mont Thabor.

Il doit faire un peu moins de 0°C, pourtant régulièrement les chiens vont dans le torrent. Dust doit avoir trop chaud, il fait carrément trempette lorsque je franchis le torrent.

J'aperçois une sorte de croix sur un rebord, je grimpe donc et tombe sur un petit replat où un lac se fait prendre par la neige et la glace. Un petit mémorial mentionne un ancien accident arrivé aux alentours ...

Je continue vers le Nord...

J'arrive enfin dans une zone ensoleillée mais j'ai oublié mes lunettes de soleil, décidément !
Les chiens sont en forme !

Dust a trouvé une mâchoire à promener. Il la pose sur la neige puis se roule sur le dos à coté avant de recommencer plus loin !

J'ai repéré sur la carte un promontoire qui me semble un bon endroit pour aller se poser. Il y a une bergerie.
Je poursuis dans la neige en suivant le torrent lorsque le vallon s'élargit. Un grand chaos rocheux se trouve sur ma gauche. Je poursuis les traces de pas qui mène à un petit col. J'y monte facilement, et je domine le grand lac. Je monte encore un peu plus haut et trouve la cabane et son gardien un peu fondu ...

Vue sur le grand lac dans son vallon enneigé.

Sur la gauche, un peu masqué, un verrou rocheux ferme le vallon. Le déversoir du lac passe au travers en sous-sol probablement... Au fond à droite de la photo, on aperçoit le col où j'ai prévu d'aller. Quand je vois la longue traversée dans les pierres et la neige, cela ne me dit pas du tout.
Il est à peine 11h, et je me rappelle que j'ai aperçu ce matin en sortant de la voiture, un panneau indiquant que tous les dimanches, le resto local organise un méchoui avec leur production ! Et devinez quoi ? On est Dimanche !!! L'idée de manger un bon repas chaud et en plus un méchoui, moi qui n'en ai jamais mangé ... c'est tout vu ! On rentre à la voiture !

Demi-tour, et redescente par le même chemin. Ici la partie haute du vallon.

Je ne quitte pas les traces de pas, et longe donc le torrent sans passer au petit lac intermédiaire.
La descente est rapide, je retombe sur le hameau, sans que les chiens ne s'intéressent aux silhouettes des bouquetins que l'on aperçoit encore dans l'ombre.
De nombreux randonneurs arrivent au hameau. Ils sont tous à la recherche des bouquetins ! Apparemment c'est un spot connu pour ça !
La petit cascade et sa maison non loin du hameau.

J'explique à quelques randonneurs que je croise un peu plus tard, où ils pourront voir les gros boucs ... La vue est bien jolie à la descente.

Je me sens un peu à contre courant, et c'est là que Bixy a une superbe idée ! Moi je me dis silencieusement que je ne suis pas du même monde que tous ces gens, et elle, elle entreprend de le leur prouver ! Les deux chiens filent dans un pré enneigé où ils ont déjà flairé quelque chose à l'aller. Cette fois-ci Bixy déterre le butin ! Elle revient avec une belle patte complète, avec encore du cuir poilu dessus... Moi ça me fait toujours marrer et j'aime bien qu'ils se trouvent des petits trésors comme ça. Il m'arrive même de le leur prendre pour voir plus précisément de quoi il s'agit.
Pour une fois, Bixy n'abandonne pas son trésor au bout de quelques minutes ... elle décide de se promener avec et de le grignoter progressivement en faisant des pauses.
Forcément elle attire l'attention de tous les gens que nous croisons.

Elle passe devant les gens en courant, la patte gigotant dans sa gueule. Ce que j'attendais arriva enfin ! Une grande citadine, que j'imagine plus encline à aller chez Jennifer que dans un refuge, vue sa tenue, s'écrie "Haaaa mais c'est... haaaaa" ... Et moi je rejoins la voiture tout sourire en pensant à mon méchoui...

Il est à peine plus de midi. Je remballe tout, et retourne vers le lieu où j'ai passé la nuit. Je cherche le restaurant. Je suis inquiet car je n'ai pas de quoi payer le repas à moins qu'ils n'acceptent ma pièce de 10 euros ce qui n'est pas gagné.
Je me gare et tourne autour du resto pour trouver quelqu'un... il n'y a personne. La porte est grande ouverte et la sono à fond hurle du Rammstein. Bizarre ...
Je finis par trouver un gars qui m'informe qu'ils ne servent pas à cette saison ...

Dommage...

(La suite bientôt)

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