samedi 29 octobre 2011

29/10 Itinérance : Jour 1

Ca y est, les vacances sont arrivées ! Julia et Eléa partent pour la Lozère et de mon coté je pars arpenter la montagne. J'ai envie de m'immerger vraiment, de me sentir libre des itinéraires, des horaires et de la manière... C'est l'automne flamboyant, ça sera grandiose !  Neuf jours en montagne, avec la voiture pour seul camp de base, je n'ai jamais fait ça. Je n'ai jamais dormi dans la voiture en faisant une randonnée avant et après...
D'un point de vue logistique c'est assez complexe. Je suis bien content d'arriver à retirer la banquette arrière du Kangoo car sinon, je ne pourrai dormir sans me plier à cause de la longueur trop courte.

Je mise gros sur les bouteilles d'eau, en raflant toutes celles de la maison : environ 9 litres, je remplis un bac de bouffe, je prends les affaires de bivouac pour cuisiner à la voiture et éventuellement faire une nuit en tente. Pour dormir, je prends les trois matelas auto-gonflant et le duvet. Pour les chiens, et oui parce que nous serons trois dans la voiture, je prends un matelas mousse coupé en deux !

C'est parti, direction les Hautes-Alpes par petites étapes ! Il y a le plein dans la voiture, j'ai cinq litres de gazole en rab' dans un petit jerrican au cas où je sois short dans un endroit à la con...

Je roule en direction de Bourg d'Oisans. J'avais noté un ensemble de randonnées et je fais le tri selon mon humeur sur la route. Je rejette la rando au col de la croix de fer vers le glacier de Saint-Sorlin, cela ferait trop de route pour une seule rando. Je passe donc à l'étape suivante : le plateau d'Emparis. J'arrive au barrage du Chambon. Le niveau de l'eau est très bas, laissant apparaître le mille-feuilles caillouteux.

Je passe le barrage et monte immédiatement à Mizoens. Je vais démarrer par ici où il y a des arbres. Je me gare dans une épingle du petit village de "Singuigneret", et descends à pied prendre une piste à flanc de montagne vers 1300m d'altitude.

Le chemin est très agréable, et longe le lac du Chambon vers l'Est. C'est un peu encaissé mais la vue est belle tout comme les couleurs.


J'ai beaucoup de mal à avancer, je suis crevé par une nuit affreuse. Je me pose pour manger, au bord du torrent de l'Alpe. Le soleil tape dur, je me planque vaguement sous un petit arbre pour me reposer avec un bon sandwich au pâté ! Un énorme rapace, que j'imagine être un aigle royal a l'air d'être ici chez lui. Il fait de nombreux passages le long de la falaise au dessus de moi. Je l'observe un bon moment, immobile.

Je reprends la marche, en direction du replat à l'aplomb du bout du lac du Chambon. La Meije en toile de fond est splendide. Toute la végétation est orange.

Le sol est par endroit composé d'ardoises pilées, d'un noir franc ! Cela ressort beaucoup dans le lit des torrents. C'est étonnant de voir la végétation qui a réussi à se fixer là dessus. Au début du petit plateau, de grande herbes rousses forment  de belles touffes serrées où les chiens se régalent !


Sur ma droite je dépasse une sorte de tourbière avec pilotis comme au Lac du Luitel. J'arrive à un refuge fermé mais qui doit vraiment être un superbe coin pour venir se poser un week-end et dormir dans un cadre tranquille.

J'aperçois un chamois, encore une fois cette bestiole aime pavoiser sur une crête pour montrer à tout le monde qu'elle est inatteignable !

Sur la terrasse du refuge, j'hésite, est-ce j'écoute mon corps fatigué et me pose un moment avant de rentrer, ou bien j'écoute mon regard qui est toujours orienté vers le haut où j'aperçois une belle cascade originale ? Bien évidemment, je me pose, rêvasse, et rentre en pensant à mon lit douillet ....

Ou pas ...

Le sentier monte sérieusement dans les cailloux, entouré d'herbes rousses.

 Je remonte ainsi la pente au dessus du refuge. Il y a un passage plus aisé dans les rochers me séparant de la cascade. Le chemin s'y dirige raidement. C'est un superbe point de vue !

La cascade pétrifiante est maintenant toute proche !

Pendant ce temps la Meije essaye différentes tenues ! Celle là me plait particulièrement.

Je suis à présent face à la cascade qui se déverse en glissant dans un torrent devant moi. Je continue le sentier ne sachant pas vraiment où il va passer. Je m'attends à ce qu'il remonte droit dans la pente vers la gauche mais il traverse finalement la ravine pour m'amener sur la cascade. Les chiens apprécient de patauger dans les petits ruisseaux taillés dans l'herbe qui se jettent ensuite par dessus bord.

Le sentier enchaîne ensuite les virages pour remonter franchement en direction du plateau d'Emparis. Je prends rapidement de la hauteur, et finis par arriver aux replats précédents le plateau. Il n'y a plus aucun arbre. Moi qui suis venu chercher l'automne et ses belles couleurs, je laisse la piste rejoindre seule le véritable l'Emparis, un peu plus loin. Je bifurque vers la gauche, pour suivre la grosse piste à voiture qui entaille les pentes pour redescendre doucement et longuement vers le village.



Ces grandes prairies ne sont pas sans charme et j'apprécie la longueur de cet itinéraire. Je marche vite mais cela me prendra du temps !

Un clôture apparaît sur le bord du chemin. Elle ne forme pas un virage mais s'arrête là comme une impasse. Je me demande quel drôle de berger a bien pu s'emmerder à planter ça là puisqu'il suffit au animaux de venir au bout du fil pour le contourner ...
Quelques centaines de mètres plus loin j'aperçois les animaux concernés par ce fil. Un groupe de jeunes boeufs se trouve dans la pente à une centaine de mètres. Fidèle à moi même, je prends la poudre d'escampette, les deux chiens au pied, pour éviter les problèmes ! J'en profite pour mesurer à quelle vitesse j'arrive à parcourir un kilomètre en forçant avec le bordel sur le dos ! Je fais 8 minutes 36. Ca fait du 8,5 km/h. Et bien même à ce rythme il me faudrait une heure pour rejoindre la voiture.

En dessous de moi plusieurs choses m'intriguent ! D'abord de nombreuses ruines, parfois regroupées et alignées montrent qu'il y avait soit un hameau d'alpage, soit une garnison ou quelque chose comme ça. C'est vraiment paumé ici ! Ensuite, il y a deux grandes tâches vertes qui dénotent au milieu des herbes rousses. Vraisemblablement, il s'agit d'endroit où les bêtes ont été parquées ou qui les attire naturellement. C'est bizarre que ca fasse de l'herbe verte et non pas de la boue partout à cause des sabots.

J'arrive à une bergerie en activité mais je n'y croise personne. C'est un petit col ouvrant vers le Nord qui me permet de découvrir le village de Besse agrippé à sa montagne !

Pour conserver cette vue, je quitte la piste et grimpe sur la crête. Les chiens se mettent à déambuler dans tous les sens jusqu'à trouver la raison de leur excitation. Il ne reste plus grand chose d'une petite vache ou d'un veau. Peut être des loups ?

Je poursuis, redescendant de ma bosse pour retrouver la piste plus bas et arriver au refuge des Chatons. Ce n'est plus une pente herbeuse que la piste entaille, mais quasiment une falaise. La coupe est loin d'être nette ! De nombreux rochers sont en équilibre, et je ne suis pas bien rassuré de passer le long de ces énormes blocs.
Ce passage n'est pas trop long et les abords redeviennent plus agréables.

J'attaque la dernière partie de la descente : les lacets au dessus de Mizoens. Derrière moi, j'aperçois deux bétaillères vers le refuge des Chattons, elles viennent dans ma direction. En contrebas une forêt a été plantée, probablement contre les avalanches. C'est la première fois que je vois une telle plantation : on dirait qu'il y a des mélèzes (encore verts qui tirent vers le jaune), des boulots (franchement jaunes) et deux types de conifères : des bleus et des verts. Le panel de couleur est superbe, je trouve l'idée géniale !


Clairement, les mélèzes poussent plus vite que les "sapins bleus" !

Les bétaillères finissent par me rattraper, elle doivent rouler à 10km/h environ. Je m'assois à l'intérieur d'un lacet pour laisser passer la première. Le chauffeur me contourne et s'arrête devant moi : "Que la nature est belle n'est-ce pas ?" Que dire d'autre ici pour lancer une conversation ? Et nous voilà à discuter de la beauté des arbres et des couleurs ... J'apprends que cet homme n'est pas berger... c'est un chasseur de vache ! Je n'avais jamais entendu parler de ça. Lorsque les bergers remontent chercher leurs vaches à la fin de l'estive, certaines races sont parait-il assez peu enclines à redescendre ! Les bergers se font parfois charger et doivent laisser les bêtes sur place. Ils font alors appel à cet homme pour aller les chercher.
Chose amusante, il n'y va pas au lasso mais il utilise deux techniques : la première consiste à monter une meneuse pour amadouer les vaches récalcitrantes ! Il prend une vache Hérens noire, qui parait-il, attire les vaches "sauvages", il suffit alors des les cueillir ... Bon, apparemment, ce jour là la cueillette a été un peu ratée car les vaches sont repartie après avoir fait uniquement un coucou à la belle noire ! Alors il passe à la seconde méthode ! Il sort son fusil et dégomme la vache !
Tout fier, il me dit "venez donc voir j'en ai deux derrière ! Elles dorment ! Effectivement, il me confirme que c'est bien la marque de la seringue anesthésiante qu'on voit sur l'épaule de la blanche !

On se dit au revoir et il s'en va, avec ses vaches ensuquées mais bien vivantes. Celles ci sont chanceuses, il aura eu le temps de les attraper avant l'hiver, il en reste encore plusieurs dizaines sur la plateau, certaines apparemment blessées par des attaques de loups m'a t-il dit... La bétaillère suivante transporte la vache Hérens.

Je reprends ma route, bien content de ce petit entracte dans ma marche solitaire. Je rejoins le village de Mizoens où est garée ma maison...

Je reprends la route, en direction du col du Lautaret.
Je croise un troupeau de brebis et de petits agneaux pas bien vieux !

Je franchis le col, pour me placer au départ de ma prochaine randonnée vers le Grand Galibier. Je cherche longuement un emplacement plat et assez discret pour poser ma voiture pour la nuit. C'est malheureusement sous un lampadaire allumé que se trouve le seul endroit correct ! J'utilise au mieux des matelas et une couverture pour calfeutrer des fenêtres mais je n'ai pas de quoi tout couvrir. Tant pis, ça ne sera pas parfait le premier soir ! Il est temps de se (re) poser !

La suite demain ...