vendredi 1 juillet 2011

01/07 Cime de la Valette

Vendredi après midi ...
Le projet pour ce soir de montée au Trelod avec bivouac s'annule, je me réoriente donc vers un tout autre itinéraire. J'avais repéré une boucle à faire dans le massif des Grandes Rousses.
C'est l'occasion d'y aller ! Je quitte le travail, je passe faire mon sac à la maison, je prends les chiens et c'est parti.

Défilent Vizille, Riouperoux, Allemont, les deux barrages et j'arrive au col de la croix de fer.


Je descends à Saint Sorlin d'Arves. De mémoire je dois filer dans un vallon vers le Sud. Les panneaux font défaut et le GPS n'est pas friand de petites routes ... Je m'enfile dans le vallon et me retrouve bientôt sur une piste empierrée. Elle se transforme en piste en herbe où je suis bien content d'avoir le kangoo rehaussé ! Une chapelle dans un hameau au bord de la piste.


Je passe devant un panneau en bois au milieu d'un pré où foisonnent les gentianes jaunes en fleur, il indique Lac Laital et cime de la Valette ! Parfait, c'est ma destination ! Je continue et me gare à coté du chalet d'alpage au bout de la piste. Ici plus de panneaux, un petit sentier semble continuer entre les hautes herbes fleuries et la forêt. Je n'ai pas d'autre alternative et pas de panneau pour confirmer... Il est 20h.

J'ai globalement en tête l'itinéraire à suivre, mais je n'ai pas la carte. De toute manière je suis sur le flanc de la montagne où je veux monter et comme un peu plus haut il n'y aura plus d'arbres, je pourrai monter n'importe où sans me tromper.




Rapidement mon sentier se disperse en traces parallèles pour bétail. Je continue donc au pif sans trop grimper pour le moment. Après 20 minutes de marche, j'aperçois trois personnes qui redescendent sur une sente plus haut. Je me dépêche de remonter pour aller à leur rencontre et leur demander un peu mon chemin...

Ce ne sont pas des randonneurs ... Me voyant avec mes deux chiens ils me disent qu'ils redescendent de l'alpage où ils ont installé leurs bêtes, quelques troupeaux de vaches.

Le berger du fond de son accent : "Vous montez à la cime de la Valette ?"
- "Oui mais je m'arrêterai dormir avant car c'est loin pour ce soir."
- "Houla faites attention ! On vient d'installer nos troupeaux et avec vos chiens ça va être dangereux ! On a mis deux troupeaux de vaches d'Aubrac et celles là elles sont pas commode avec leurs veaux ! Si elles vous voient avec les chiens elles vous chargent à coup sûr pour protéger les petits ! Rien que nous on n'approche pas quand elles ont les petits ! Y'en a une qui m'a déjà chargé !"

Et merde, ça commence mal. En plus je n'ai qu'une laisse j'ai oublié la seconde. Les vaches d'Aubrac ont beau être très belles, elles ont de superbes cornes bien longues et pointues.

Et le berger continue :
"Il y a aussi un taureau dans chaque troupeau, il ne vaut mieux pas qu'il vous aperçoive. Il vous chargera avec vos chiens !"

Arg ! Alors je leur demande comment je peux faire, où sont les troupeaux et ce genre de chose ...
Ils m'indiquent que les troupeaux sont placés assez éloignés l'un de l'autre dans des espèces d'enclos et il me dit en tendant le bras "vous continuez par là bas, vous traversez le torrent pour sortir vers cette pierre là bas, vous franchissez la clôture et surtout vous continuer en restant à gauche de la ruine qu'on voit là haut ... vous serez entre les enclos et pourrez monter plus haut. En haut de l'alpage on a un autre troupeau, ce ne sont pas des Aubrac et y'a pas de petits. Mais attention avec les chiens quand même !"

Me voilà parti à suivre une trajectoire complètement au pif dans un alpage tout bosselé. Je suis en stress complet. Je franchis la clotûre indiquée sans savoir vraiment si je suis dans un des enclos ou pas. A chaque ressaut je scrute pour que de la vache et de moi je sois le premier à voir l'autre ! Je galère dans l'herbe trempée, il y a des ruisseaux partout qui forment des espèces de zones spongieuses où on s'enfonce. Le passage des vaches a aussi créé des mares boueuses affreuses à franchir.

Une vache du troupeau à ma droite apparaît sur la crête au dessus de moi, elle est loin et me donne une idée de l'itinéraire à suivre. Je ne vois pas d'enclos de son coté. C'est fou ce qu'une vache peut me faire peur ce soir. Je regarde plus dans sa direction que là où je marche... J'ai toujours trouvé que les gens n'avaient pas assez peur de ces bestioles cornues de 600 Kilos ! Je continue donc en plein stress ...

J'aperçois finalement ce que le berger appelle un enclos. Un fil unique sur des piquets blancs. J'ai du mal à y voir une barrière infranchissable face à un taureau mais au moins maintenant j'ai une idée d'où est le troupeau à ma gauche. Je continue donc en scrutant partout et chuchotant aux chiens de rester au pied !

Ca y est je vois le troupeau de gauche ! Il y a effectivement des petits et un monstre au milieu ! Ils sont loins et avec l'appareil photo je reconnais bien le gros mâle comme ceux sur l'Aubrac en Lozère ! Il y a néanmoins une vache isolée au ras de la clôture un peu plus proche et elle ne m'inspire pas confiance. Je finis donc cette partie de la montée, toujours au pif dans l'alpage en tirant partie du terrain pour me cacher et me sauver rapidement.

La lumière commence à décroître. Derrière moi les montagnes émergent d'une crête au fur et à mesure que je monte.

Je finis par déboucher sur un replat, aux "Aigues rousses". C'est un chalet en ruine de plus dans l'alpage. Le troisième troupeau, sans les veaux, est en train de paître non loin de là. Je suis fatigué et toujours flippé et je m'éclipse rapidement en rejoignant le bord Nord de l'alpage. Je me souviens avoir vu sur la carte le lac Laital sous le sommet de la prairie. C'est là que j'aimerais poser la tente.

La plus petite des Aiguilles d'Arves est visible : c'est la tête de chat !
Une seconde tête de chat apparaît à son tour : les deux grandes Aiguilles d'Arves jouent avec la crête du Grand Agnelin !


Depuis la crête j'aperçois mon premier chamois du jour. Bixy aussi et je dois tenir les chiens pour qu'ils ne basculent pas dans le versant Nord Ouest à la poursuite de la bête.

Il fait bien sombre. J'arrive à la limite de l'herbe, devant moi la crête continue de monter doucement mais je tire à l'horizontale dans l'alpage pour trouver le lac Laital. La pénombre tombe rapidement et je recherche un endroit plat pour poser la tente, sans attendre de trouver le lac que je ne sais plus trop où chercher...
Je tourne un peu, et installe la tente. Il fait nuit, le bruit des cloches des vaches s'entend d'ici. Je me trouve pleins de bonnes raisons pour me dire qu'elles ne viendront pas m'embêter cette nuit.

Je m’endors assez facilement, mais suis réveillé vers 1h du matin par les chiens qui remuent. Ils n’arrivent jamais à passer une nuit complète calmement. Voyant qu’ils ne veulent pas se poser, je les laisse sortir de la tente quelques instants. J’en profite pour regarder le ciel. J’avais noté que cette nuit, il n’y aurait pas de lune. C'est un instant parfait pour les photos d'étoile ! Il y en a tant que le ciel est quand même lumineux ! La voie lactée est bien visible, les étoiles sont splendides ! Je n’ai malheureusement pas le courage de sortir faire quelques photos. Je rentre les chiens, leur dit de se coucher, et bizarrement, ils se couchent pour de bon ! Je mets un peu de temps à m’endormir en regardant Bixy se serrer en boule sur son petit matelas.

Je me réveille avant l’aube. Une nuit courte comme d’habitude ! J’ouvre la porte de la tente : vue sur le Mont-Blanc !


Un peu plus à droite il y a les Aiguilles d’Arves, bien dégagées au dessus du Grand Agnelin. Encore plus à droite, au dessus du col de la Valette, la Meije et le glacier de la Girose. Tout ça est encore dans l’ombre. ll n’y a pas un nuage à l’horizon !



Les vaches n’ont pas bougé, ça me rassure ! Je patiente jusqu’au levé du soleil !



Et puis le soleil se lève... Tout change très vite.

Tout s'éclaire


Franchement, il y a plus moche comme coin de bivouac...


Je lève le camp après la séance photos... Au dessus de moi la crête des Arênes forme un petit col. Cette crête file vers le sud jusqu'à la Cime de la Valette. Si j'y monte, je profiterai certainement d'une belle vue et d'un itinéraire facile à suivre.
Je grimpe donc au col. Derrière moi j'aperçois finalement le petit lac Laital dans l'ombre. A mon grand étonnement il a l'air entièrement gelé. Je débouche au col, et au lieu de filer vers le sud, je monte au promontoire au Nord pour apprécier le paysage !

Un 360 degrés : A gauche la crête menant au sommet. Le petit col au premier plan. Au centre la Maurienne et à droite, les Aiguilles d'Arves, la Meije et le col de la Valette.

Beaucoup plus serein que la veille, j'arpente la crête vers le sud. La végétation se fait rare, et la roche est étonnante ! Ce sont des plaques dressées donnant à la crête des allures de hérisson ! Les chiens ne semblent pas trop gênés !

Dernière montée pour la cime ?

Et bien non ! La crête monte et descend... si bien que je ne sais pas bien si j'arrive au sommet. Je me souviens que la crête ne s'arrête pas à la cime de la Valette et continue vers des sommets plus élevés. Donc quand je vois devant moi un sommet plus haut ... je ne sais si j'ai passé ou pas ma destination ! Je continue donc tant que le cheminement est facile ...
Vue sur l'alpage et le col de la Valette au centre !

J'entends souffler des chamois dans l'alpage. Ils sont loin mais comme ma silouhette se découpe sur la crête je dois être très visible. Ils déguerpissent ... mais comme un chamois n'aime pas être en dessous de son agresseur ... au lieu de s'éloigner, ils prennent la tangente et grimpe sur la crête où je vais ! Quelles drôles de bestiole ! Bixy observe le spectacle ...

Ce qui devait arriver arriva ... Ne me voyant plus, les chamois ont du lever le pied dès le premier ressaut passé. Mais puisque cette crête est mon itinéraire, je débouche près d'eux à leur grand surprise ! Ils prennent donc la fuite une seconde fois, dans le vallon de Saint Sorlin !

Toujours pas au sommet ... ou déjà dépassé ?

Le glacier de Saint Sorlin et le pic de l'Etendard.

J'arrive à une dernière bosse avant un véritable col ... Un panneau est planté là !
Cime de la Valette, 2858m ! Enfin !


Panorama au sommet.


Le petit col au delà, au nom très original et raccourci de "Col de la Cime de la Valette", héberge à ses pieds trois petits lacs. Ca sera parfait pour faire boire les chiens !

Je descends à travers les pierriers au pif.

L'eau est limpide !

Et maintenant ? Les grandes étendues devant moi me posent la question : "Où vas tu maintenant ?"
Je n'ai pas la carte, je n'ai plus trop en mémoire les chemins ... d'ailleurs, je n'en ai pas vraiment vu depuis la veille si ce n'est une sente sur la crête. Le vallon de la Valette descend sous mes yeux jusqu'au col et une bergerie !
Je n'ai pas envie des recommencer le calvaire de la veille avec des patous cette fois ci ! Je sais qu'il y aura des sentiers au col et c'est par là que continuait la boucle prévue !
Je tire donc à flanc sous la crête que j'ai parcouru plus tôt !
A flanc est un grand mot. Les torrents ont raviné la pente et je ne cesse de monter et descendre pour franchir des ruisseaux calmes dans des pentes glissantes...

Je finis par sortir de cette pente pour arriver sur la croupe descendant tranquillement au col. C'est un alpage de hautes herbes bien vertes. C'est agréable mais je sais qu'à ma gauche il y a les hargneuses Aubrac et à droite peut être ... les terribles patous ... Alors je reste au milieu, aux aguets ! Quelques cris de marmottes commencent à sonner ! Bixy part en trombe ! Dust lui, est attaché à ma ceinture par la laisse extensible. Je m'époumone pour ramener Bixy ...


Je continue ma descente dans l'herbe. Rebelotte avec les marmottes, mais cette fois-ci la marmotte est moins douée, elle siffle et descend de sa bosse, elle se coupe alors la vue vers Bixy qui fonce droit sur elle. J'assiste donc impuissant au désespoir de la marmotte qui voit déboucher la chienne au dessus d'elle à moins d'un mètre. Je ne saurai pas la suite de l'histoire, les deux poilues passent derrière la butte... Bixy revient néanmoins rapidement sans qu'aucun cri d'animal n'ai retenti ... Ayant déjà vu Dust à l'oeuvre sur un bébé chevreuil, et les deux en même temps sur un gros campagnol, je sais qu'ils n'attaquent pas mais poursuivent seulement tout ce qui court ! Ils attrapent et relâchent sans abîmer. Esperons que ce soit toujours pareil ...

Très énervé après Bixy, j'inverse les chiens. Et rebelotte à l'envers ! Une marmotte détalle dans l'herbe et Bixy couine en bout de laisse alors que Dust part comme un éclair ! Là où ça change avec Dust, c'est qu'il est beaucoup plus rapide ! Du coup il rattrape facilement la marmotte. Mais Dust a un gros défaut, rien qu'au trot il a rayon de braquage énorme alors en pleine course ... la marmotte qui bifurque à 90° se débarrasse du gros lourdeau qui continue tout droit ! La marmotte du moment a donc rejoint son terrier...

Très énervé après Dust qui n'a pas répondu aux ordres, je me retrouve avec les deux couillon au pied jusqu'au col ! Je suis vanné tant physiquement et moralement. J'ai eu peur qu'un des deux chiens, courant après une marmotte se retrouve en vue du troupeau, et, dans une envie de grosse pagaille, aille chatouiller de la moutone !

J'arrive au col de la Valette. J'avais repéré qu'il y avait là une ancienne borne frontière. Ce genre de relique historique me plait bien. Je sais qu'il y en a une autre au col des prés nouveaux mais c'est trop loin pour aujourd'hui !
La croix savoyarde coté Nord

J'avais vu juste, il y a effectivement un sentier ici ! Sauvé ! Le sentier vient du Sud jusqu'à la borne. Un panneau de randonnée indique Besse et Clavans, des hameaux en direction du Sud ; Le perron (où est-ce ?) et les chalets de la valette : la bergerie non loin de là ! Aucun panneau n'indique un retour vers le Nord, à la voiture .......... Merde ! J'ai plus de dix bornes et 1200m de dénivelé dans les pattes depuis hier et rien ne se profile pour rentrer. Il y a bien panneau en bois étalé dans l'herbe avec une indication pour Saint Sorlin d'Arves, ce qui serait le bon chemin mais je ne vois où il pouvait pointer ! J'ai peur d'avoir à repasser par l'alpage à vaches car en tirant à flanc je passerai forcément dans un enclos... Je me dis quand même que je n'ai pas utilisé de sentier pour arriver jusque là et que ce n'est pas ça qui va m'empêcher de redescendre à la voiture ...

Du coup, je pars vers le Nord, sachant bien que la zone est escarpée. Lorsque j'arrive au bord, je comprends ma douleur ... Oui c'est escarpé, non ça ne passe nulle part, et la zone infranchissable est vachement large : à gauche, les "falaises" remontent dans l'alpage, à droite elles contournent la bosse à coté de moi ! Cette bosse porte d'ailleurs bien son nom : La montagne de la Lauze. Toute la zone est un empilement de plaques qui s'est incliné et érodé. Maintenant de gigantesques plaques de pierres plongent presque verticalement dans les couloirs d'effondrement.
Comme il est hors de question de faire demi tour pour rentrer, j'entame le contournement de ces escarpements, en montant donc sur la montagne de la Lauze... On devine une vieille trace qui monte et débouche sur la bosse au niveaux de rochers originaux ... Je m'y lance, malgré la fatigue...


Sur la bosse j'ai une meilleure vue du trajet à accomplir ! Je désespère ...
Je dois redescendre de l'autre coté de la bosse, là un torrent creusé saute la falaise dans une cascade ... je vais devoir le franchir assez au Sud, où ce n'est pas trop creusé ! Après, je devrai revenir aux falaises et descendre tout le dénivelé puis filer vers le nord et la voiture. Sauf que la voiture sera de l'autre coté du torrent ...
Je crois néanmoins distinguer un sentier qui descend dans la falaise de mon coté du torrent ! C'est ma chance ... Comme c'est l'itinéraire visiblement le plus court c'est là que je décide d'aller.

C'est parti ... doucement, mais surement ...

Je continue donc sur ma bosse... et la vue vers le Sud m'étonne. Je suis pile dans l'axe du vallon de la Valette ! Quelle drôle de tranchée creusée dans la roche ! Un véritable half-pipe géant !


Je regarde les petites fleurs comme d'habitude et je tombe sur une drôle de surprise ! Heureusement les chiens ne l'ont même pas flairé ! Un oiseau juvénile ?


Peu après, bientôt au bout de la bosse ... à ma gauche les falaises ont fait place à une pente raide herbeuse, encore trop raide pour être descendue confortablement. Dust est de nouveau accroché à ma ceinture et Bixy est lâchée et marche devant ...
Soudain, une marmotte siffle et court dans l'herbe en bas de la pente. Bixy tilte immédiatement et se lance dans la pente. Je lui crie des "Au pied Bixy !!!" Évidement ça n'a pas d'effet sur Bixy, mais cela en a un sur Dust qui n'avait pas vu qu'il fallait courrir après quelque chose ! Mon cri le réveille, il voit Bixy en bas en train de courir après quelque chose alors il s'élance à la poursuite de Bixy ... comme d'habitude ...
Sauf qu'il est accroché à ma ceinture et que dans 7 mètres il arrivera au bout du fil ! Je suis au bord de la pente raide, et si j'ai décidé de ne pas y descendre doucement un pied après l'autre, j'ai encore moins envie de m'y balancer en courant !!!
Par un reflexe appris pendant le reste de cette rando, j’attrape à pleines mains la sangle en nylon qui retient le chien. D'habitude, sur le plat et quand le chien est juste un peu insistant ça se passe bien ... Mais là, il est en descente et très motivé. Un quart de seconde plus tard je sens comme une déchirure dans ma main droite là où la sangle file... Je hurle un ordre à Dust, je ne sais plus lequel mais il a du être efficace ! Dust n'atteint pas le bout de la laisse à toute allure ! La douleur s'empare de ma main et me coupe la voix. Je regarde mon gant ...

Le bord de la sangle a creusé un sillon brûlant dans le gant puis dans ma main ! C'est affreusement douloureux mais ça ne saigne pas ... ça a du être cautérisé sur le coup. Crevé et déjà à bout à cause des chiens depuis quelques heures, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase ! Je me paie une crise de nerfs ... et Dust en prend pour son grade ...

Je reprends la marche vers le Sud histoire de descendre cette saleté de bosse...Je tiens mon bâton tout bizarrement ! Lorsque la pente Est devient assez gentille, je taille droit dans la pente pour descendre en revenant vers le Nord où j'ai aperçu le petit sentier.
Je me refarcit donc toute la longueur pour arriver à la cascade... Je ne trouve nulle trace d'un chemin. Au contraire, je me bats avec des hautes herbes. Le sol est plein de trous masqués et avec de l'eau où je trébuche...
J'arrive enfin au bord de la falaise dans une sorte de ruisseau secondaire... Je déchante, c'est super raide et je me rends compte qu'en fait, ce que je pensais être un sentier est le lit du ruisseau dans la roche... Je vois de l'autre coté de la cascade, le gros sentier que j'ai fais exprès d'éviter ... et merde ...

Je me retape donc les creux et les bosses, en longeant le torrent ... pour trouver une descente dans son lit pour le traverser. Je le trouve heureusement rapidement et rejoins le véritable sentier, exténué...

Arrivé au niveau de la cascade je regarde le chemin parcouru ....
Le grand escarpement infranchissable. En haut à droite dans l'herbe le col de la Valette. En haut à gauche la montagne de la Lauze. Au premier plan, le rebord surplombant au bout duquel je suis allé cherché un sentier de descente ...

S'ensuit une descente de 200m de dénivelé en zig zag sur un sentier enfin confortable ... le premier de la randonnée. Mais la descente est usante et je fais des pauses à tous les virages. Je vois le chemin à parcourir, et l'itinéraire va encore passer dans des troupeaux ...

J'avance quand même et au niveau des vaches je quitte le sentier pour passer assez loin. Il n'y a pas de veaux et je suis quand même moins inquiet que la veille, je n'en ai plus la force. Je descends doucement vers le Nord en me trainant ... Dans une trouée des arbres j'aperçois le pré à gentianes de l'autre coté, et je distingue même la voiture ! Elle est loin et je ne sais pas où je pourrai traverser.

Je fais une nième pause devant un bourbier où il va falloir jouer l'équilibriste sur des rondins ... Je suis avachi sur mon batôn lorsqu'un couple de randonneurs arrive. Je n'ai aperçu qu'un berger au loin au col de la Valette et ce sont les premières véritables personnes que je croise depuis les bergers aux vaches terrifiantes ...

Il n'en fallait pas plus pour leur demander de l'aide ! Ils me prêtent volontiers leur carte pour que je vois comment traverser le torrent. Ils me disent que je vais devoir aller jusqu'au pont bien au delà la voiture pour revenir ensuite de l'autre coté. Je n'ai plus le cerveau à analyser la carte... Nous échangeons quelques mots au sujet de la commune et de sa faculté à ne mettre aucun panneau ! Ils me disent qu'ils ont acheté un guide à l'office du toursime pour 5€... et on leur a dit que la commune n'avait pas de sous à mettre dans les panneaux.
Je me souviens pourtant d'un parterre de fleur magnifique et chargé dans un virage du bled... Je sais pas comment ils font un budget mais je crois qu'ils sont plutôt de mauvaise foi ! Ils me disent aussi qu'on leur avait signalé que cette zone était vraiment un alpage et pas trop un terrain de randonnée, et que les chiens étaient fortement déconseillés ...
Serieux ? Bref ça confirme qu'ils préfèrent garder leurs bergers que de voir arriver des randonneurs... Ca concorde avec le ressenti, et à vrai dire, c'est pas mal comme ça, c'est juste que je n'étais pas préparé pour ça !

Bref, je repars ...

Je tombe sur un veau qui se planque dans les gentianes, et n'ai pas le courage d'aller lui tirer le portrait ... car je sais que les chiens seraient intenables ... Je trouve finalement un endroit pour traverser le torrent. Au bord du torrent je tombe nez à truffe avec un splendide renard ... mais pas le temps de dégainer l'appareil photo ...

Le lit du torrent est un sable d'ardoise pilées... où s'est ébroué un érable chargé de descendance !
Quelle vue étonnante ...


Je grimpe sur l'autre coté du torrent et j'arrive par miracle dans le champs à gentianes ... non loin de la voiture ... Enfin ...

1 commentaire:

Julia a dit…

Eh ben, quelle galère cette rando ! Je crois que moi je me serais laissée mourir sur place ! Ceci-dit, magnifique lieu de bivouac ;)