jeudi 30 décembre 2010

31/12 La blatte (2 jours)

Pas de bestiole répugnante en vue en cette fin d'année ! "La blatte" est juste le nom d'un hameau au fin fond d'une petite route au bord de l'Aubrac.
A chaque fois que je suis en Lozère chez la belle-famille j'ai envie de faire au moins une grosse sortie. La dernière fois j'avais rejoint le relais des lac depuis Le regourdel, cette fois ci je préfère une boucle autour de la Blatte ...

Mon beau frère est partant pour m'accompagner l'après midi du 30 décembre, et moi je prends de quoi dormir sur place. Nous partons à deux voitures et en posons une au bout de la route, puis nous revenons 5 kilomètres en arrière pour commencer notre randonnée. Je connais ce point de départ, je suis déjà venu chercher des champignons par ici avec Julia le 18 octobre !

Nous démarrons donc près du hameau "le sauvage" et descendons tranquillement dans la "Coumbe del faou". Les grands paturages sont déserts, tous les bovins sont à l'étable. Heureusement, car je n'aime pas bien tester la cohabitation entre les chiens et les vaches ! Seul Dust nous accompagne, Bixy étant blessée.

Comme d'habitude dès qu'il y a un truc dans un champ il faut que j'aille voir ce que c'est. Mon beau-frère est très conciliant et vient voir avec moi.

Je m'imagine utiliser un abri semblable pour passer la nuit, mais le sol est quand même inégal et cela risquerait de ne pas être très confortable ... Néanmoins, ça serait un bon endroit pour s'abriter ou manger...
Nous continuons à descendre et arrivons au fond du vallon de la Briourière. De très vieilles baraques trônent en quelques endroits boueux de ce vallon. Guilhem m'explique que c'est dans une bâtisse de ce genre qu'ils ont fait une séance photo pour des meubles et que la charpente peut être chouette.
Nous rentrons donc en visiter une et c'est vrai que c'est pas mal !
Là je me dis que ça ferait un chouette endroit pour dormir, sur la paille ... mais bon j'ai pris ma tente, et je compte bien l'utiliser cette fois ci !

... le bout de bois, c'est juste le manche d'une fourche plantée dans une botte de foin  ...

Au rez de chaussée, c'est pour les bestiaux, absents en ce moment, et une petite pièce attenante pour le berger avec une petite ouverture pour observer le vallon alentours ...
On voit au fond une baraque dans le genre de celle où nous nous trouvons !

Nous pourrions continuer dans ce joli vallon à pâturages jusqu'à "La blatte" mais ça serait trop monotone et simple ... Nous basculons donc sur l'autre versant, et entamons la remontée d'une sorte de coupe-feu plein de buissons !
Il doit s'agir d'une coupe à blanc d'une bonne vingtaine d'années. La carte que j'emmène présente très bien cette tranchée, sans tenir compte de la repousse, alors qu'un fond de carte plus ancien n'y voit que de la forêt...
La zone semble très fréquentée par les chevreuils et les cerfs... Nous apercevons d'ailleurs une chevrette... Pas le temps de mettre un téléobjectif, elle est déjà partie... comme d'habitude !

Guilhem a un GPS sur son téléphone. Nous l'utilisons pour essayer de trouver à quel moment nous devons quitter cette tranchée qui grimpe la colline. Vers 1250m, plus à l'ouest caché dans la forêt il y a un sentier qui vient vers nous mais qui s’arrête net à 200m de la tranchée ! La nuit commence à tomber il nous reste une demi-heure avant de devoir allumer la frontale.
Nous montons au delà de l'altitude du sentier, en cheminant à travers d'énormes blocs de granit où Dust grimpe pour voir le monde d'en haut !


Nous nous enfonçons alors dans la forêt à travers les branchages. Je refile à Guilhem le matelas mousse
destiné à Dust pour qu'il ne se fasse pas griffer par les branches et nous filons en mode "sangliers" plein ouest ! L'idée est de faire un peu plus que les 200 mètres et de descendre ensuite droit dans la pente pour tomber forcément sur le chemin.
La forêt est dense et il est difficile de tenir une ligne de niveau. Nous avançons lentement et la luminosité va décroissante ... Sous les conifères je commence à ne plus rien y voir ! Au final nous faisons presque 500 mètres sans descendre mais cela fait l'affaire : nous retombons sur un sentier qui n'est pas celui de la carte mais qui nous emmène à la route forestière qui rejoint la Blatte.

Au hasard de cette route, je me prends une bonne gamelle en glissant sur la glace... Super ... j'ai des écorchures à deux doigts et je fous du sang sur ma carte ... Elle commence d'ailleurs à rendre l'âme. L'humidité est telle que le papier sur lequel j'ai imprimé le bout de carte devient tout mou et se déchire comme un rien.

Guilhem reconnait cette route qu'il a déjà parcouru en moto ou en vtt je ne sais plus ... il me dit qu'il va falloir franchir un gué... super, il fait presque noir, tout est trempé partout, et les ruisseaux étant bien pleins on peut s'attendre à se tremper les pieds !
Finalement le froid change la donne. Nous passons maladroitement sur le bord, en marchant sur des plateaux de glace extrêmement glissants... Guilhem glisse en enjambant le ruisseau entre deux plaques de glace, se retrouve à quatre pattes, et manque d'envoyer le matelas dans le ruisseau ... Nous passons tant bien que mal, mais avec un style un peu écorné ...

J'avais repéré sur la carte la présence d'une vieille mine de plomb argentifère non loin de la route forestière. Il fait presque nuit et nous ne voyons pas grand chose avec ma frontale dont les piles sont au bout du rouleau, ce sera pour une autre fois. Nous arrivons finalement à la Blatte... Guilhem monte dans sa voiture et je me retrouve alors seul avec Dust dans ce hameau d'allure sordide noyé dans le brouillard. La lumière des réverbères est sinistre... il est 18h.

J'emprunte brièvement le sentier du tour de l'Aubrac et je file ensuite sur les routes des champs allant vers "Las Taillades". La carte montre de nombreux ruisseaux et marécages, le sol est gorgé d'eau !
Je repère sur la carte un ancien buron où je pourrai planter la tente, mais je loupe la route qui y mène et je finis de me fatiguer en partant trop à l'ouest. Les prés alentours sont trop trempés, je décide de planter la tente sur un chemin secondaire barré d'une clôture quelques mètres plus loin.

J'installe la sous-tente plus courte que prévue, pour laisser plus de place à Dust sous l'auvent, et pour pouvoir me cuisiner un truc avec le réchaud sur le sol.

En fait je comptais sur cette sortie pour tester un vrai bivouac avec un chien. Le précédent s'était soldé par une fuite vers un refuge en abandonnant la tente dehors ...
Dust a du mal à comprendre qu'il n'est pas le bienvenu à l'intérieur ! Avec une jambe je le maintiens sur son matelas, avec les mains je cuisine sur mon réchaud à gaz, et de l'autre jambe j'éloigne la toile de tente qui bat au vent, pour qu'elle reste bien loin des flammes. Ca fait les abdos et les cuisses mais au moins je peux cuisiner à l'abri ! Quel plaisir de manger un Chili bien chaud !

Cette tente est trop basse et trop difficile à tendre, c'est inconfortable d'y rester assis.

Je finis par me coucher vers 19h30, et forcément je mets plusieurs heures à m'endormir ! Le thermomètre est légèrement positif dans la tente. Le sol est un peu en pente et du coup j'ai la tête en bas. C'est chiant ! Je me réveille vers minuit, le bassin endolori, mon matelas ne fait pas son boulot, j'ai les fesses frigorifiées car elles font contact avec le sol ...
Tout ça réuni me fait passer ma pire nuit de bivouac... je passe mon temps à tourner et me retourner ... à me choper des torticolis, a avoir froid au cul ou mal aux bras. Je jete un oeil à Dust de temps en temps, il semble apprécier son matelas mousse lui !

Vers 6 heures, je cède, je me lève pour assouvir cette satanée envie de pisser qui m'énerve depuis plusieurs heures... Une heure plus tard je range tout mon bordel et je décolle.

Aujourd'hui, je n'ai aucun chemin à suivre, je décide de décrire un arc partant de "Las Taillades", passant par le "Puech del trap" et terminant au "Puech de las souches" à travers champs. Il fait nuit, très humide, et apparemment je nage en plein brouillard !
Les champs sont détrempés. Au bout d'une demi heure je dois traverser un ruisselet qui semble bien anodin...

N'y voyant pas grand chose je pose mon pied en contrebas des mottes d'herbes et je me fais happer le pied dans la boue. Déséquilibré, je repars en arrière mais cela fait ventouse et je m'appuie de nouveau sur cette jambe. Je m'enfonce à mi mollet dans une boue liquide et gelée des plus horribles !!! Au second essai je m'extirpe de cette saleté pour de bon ! Cela me rappelle les histoires de vaches mortes ensevelies dans les marécages que j'ai lues dans le livre sur les burons d'Aubrac ... Ca me glace encore plus !!! Néanmoins je ne peux pas rester là à regarder ce ruisselet et je veille donc dorénavant à ne marcher que sur les mottes d'herbes.

J'entame alors un long cheminement dans les prés, tombant de temps en temps sur une clôture à franchir ... Dust me suit et monte sur tous les blocs de Granit qu'il trouve !


La luminosité augmente progressivement mais le brouillard coupe la vue et l'impression de solitude est énorme.

Je garde un cap approximatif à la boussole et j'avance dans ce paysage sans repères ...



Dust semble être en confiance avec moi...
... mais moi je commence un peu à douter de mon emplacement sur la carte.
Je ne sais pas trop à quelle vitesse j'avance et le cap sur la boussole est approximatif ...

Je décide de réorienter mon chemin pour couper le sentier du tour de l'Aubrac qui devrait être inloupable ... Les prés se suivent et se ressemblent, je dois réorienter mon cheminement car je m'aperçois que je ne tiens pas bien le cap naturellement...
Il y a aussi des ruisseaux à franchir pour changer des clôtures ...  La principale source d'originalité de ces lieux réside dans le choix du lieu de franchissement des fils barbelés ... Il faut trouver un endroit où un bout de granit se trouve sous le fil pour pouvoir monter dessus et enjamber le fil sans galérer ...
Rien de mieux pour longer une clôture pendant un moment et dévier encore de son cap ......


Cela fait plus d'une heure et demi que j'avance sans m’arrêter dans les prés et je tombe enfin sur un semblant de sentier ! Une trace de VTT m'indique qu'il ne s'agit certainement pas que d'un chemin de tracteur. J'estime qu'il s'agit du Sentier du tour de l'Aubrac ... même si je ne vois pas de marque de peinture ...
Par contre, je ne sais pas à quel niveau je suis... et donc dans quel sens je dois le suivre ...
Je le longe vers la droite et aboutis à une clôture que je repère peut être sur la carte, je dois donc repartir dans l'autre sens .....

Je suis bien sur le "Tour de l'Aubrac" ! Ouf !!!

Je retrouve des points de repères et je quitte donc le chemin à cet endroit pour aller en direction de la voiture !
La tête de ce sapin représente bien la dureté de l'hiver dans ces contrées ...

Dust est toujours imperturbable ...

Je longe ce muret de pierre serti de genêts, pour rejoindre la route où je suis garé...
Bien content de retrouver la voiture finalement ! Un peu plus de 15 kilomètres parcourus ... ce qui n'est pas beaucoup pour cette durée ; mais qui furent éprouvants moralement.


Mais où était donc le ciel .... ?

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